"Saint Seiya in Love : Kiki"
Chapitre 1 : "Le jeune Bélier"
"Bienvenue au Sanctuaire, Déesse Athéna."
Kiki était fier d'accueillir Athéna et ses cinq chevaliers, à leur retour des Enfers. Pendant un mois, il avait été très inquiet de ne pas les voir revenir, mais enfin ils avaient fait leur apparition ce soir. Même Seiya, que tous croyaient mort.
"Je te remercie, Kiki." Athéna lui sourit, et Kiki se sentit encore plus fier. Il était heureux que Seiya et ses amis en aient enfin terminé avec ces guerres absurdes. Même si cela devait signifier pour lui de ne jamais devenir chevalier.
Une seule ombre venait ternir cette scène de joie. Son maître, Mu, était mort au combat, et ne reviendrait jamais. Il avait donné sa vie avec tous les chevaliers d'or pour détruire le Mur des Lamentations, et avait disparu dans l'explosion. Il savait que son maître s'était dissous, corps et âme. Il ne pourrait se réincarner, et même son esprit était détruit. Rien ne subsistait plus de lui.
Même son armure d'or avait disparu. A la mort d'Hadès, l'Elysée et les Enfers s'étaient effondrés, et les armures d'or qui s'y trouvaient toutes les douze, avaient aussi été détruites. Il n'y aurait plus de chevalier d'or au Sanctuaire. Heureusement, Seiya et ses amis portaient des armures divines encore plus puissantes.
"Ikki a raison, je vais me reposer, je suis exténuée." Athéna partit vers le palais, accompagnée de Hyoga et Seiya qui l'aidaient à marcher, car elle semblait à bout de force.
"Alors, c'est bien fini, maintenant ?" Kiki s'adressait à Shiryu. Celui-ci le regarda en souriant.
"Non, Kiki, ce n'est pas fini. C'est maintenant que notre vie commence. Et elle n'aura rien à voir avec ce que nous avons vécu."
"Vas-y Kiki, tu y es presque !"
Kiki lança un dernier effort, tirant sur ses forces pour déclencher la réaction. Et soudain son Cosmos s'enflamma. Le pouvoir vint en lui, si puissant. Jamais encore il n'avait ressenti autant d'énergie dans son corps. Il lui semblait qu'il pouvait fendre le sol de sa main seule.
"Bien ! Tu y es arrivé ! Tu es désormais aussi fort qu'un chevalier d'or."
Kiki regarda Shiryu avec fierté. Il avait réussi, c'était
vrai. Il avait désormais neuf ans, cela faisait deux ans que Shiryu
l'entraînait aux Cinq Pics. Et il venait de découvrir le septième
sens. Sa formation était achevée, Shiryu ne pourrait rien
lui apprendre de plus ou presque. Le reste, il devait le découvrir
seul.
"Merci, Shiryu, et à bientôt."
"A bientôt, Kiki. Viens ici quand tu veux. Nous serons toujours
heureux de t'accueillir."
Shiryu tendit sa main et Kiki la lui serra. Shiryu avait auparavant l'habitude d'ébouriffer la tignasse de l'enfant qu'il était, mais désormais, il lui démontrait qu'il le considérait comme son égal, même s'il était vrai qu'il y avait encore une énorme différence de pouvoir.
"A bientôt, Kiki." Kiki sourit à Shunrei. Maintenant qu'ils étaient seuls, qu'est ce qu'elle allait pouvoir faire avec Shiryu ?
Kiki avait décidé de retourner à Jamir. Il s'était entraîné pendant quelques mois encore avec Shiryu mais désormais, il devrait progresser seul. Il devait retourner sur les terres des chevaliers du Bélier et redécouvrir les secrets de son maître. Il ne devait pas laisser les secrets de la fabrication et de la réparation des armures se perdre. Il était désormais le seul qui pourrait aider Athéna dans ce domaine. Lui seul pourrait fournir des armures pour les générations futures.
Kiki arriva à Jamir en moins d'une seconde. Il était toujours étonné de sa vitesse. Cela n'aurait pas dû l'impressionner autant, vu qu'il avait été formé par un chevalier d'or et qu'il était capable de se téléporter, mais il n'arrivait pas à s'y faire. Kiki entra dans la tour, déposa ses affaires et se mit au travail.
"Alors, comment vous la trouvez ?"
"Extraordinaire. On dirait l'ancienne."
Seiya et Shiryu étaient impressionnés. Kiki les avait fait venir à Jamir - il avait osé déranger Shiryu, le Pope actuel - pour leur montrer sa première armure d'or, celle du Taureau.
Cela faisait maintenant quatre ans qu'il avait trouvé le secret de la fabrication des armures. Il lui avait fallu longtemps pour rassembler les informations nécessaires, mais il avait compris que depuis toujours, c'était ainsi qu'il aurait dû trouver. Mu avait envisagé sa propre mort, et avait fait en sorte que son disciple puisse perpétuer le rôle du chevalier du Bélier. Mais les données nécessaires à la compréhension du processus de fabrication de l'armure nécessitaient un haut degré d'apprentissage, et seule la recherche pouvait donner à Kiki cet apprentissage. Aussi Mu avait dissimulé les bribes d'informations dans de nombreux ouvrages, et c'est au cours de cette étude que Kiki avait peu à peu compris la philosophie et les techniques du Chevalier du Bélier.
Il lui avait fallu trois ans pour mener cette étude à bien et comprendre les principes fondamentaux. Puis il avait du mettre en pratique ses connaissances, et c'est après de nombreux échecs qu'il avait pu forger sa première armure de bronze. Et maintenant, après tant d'années, après avoir reconstruit de nombreuses armures de bronze et d'argent, il venait de terminer la plus simple des armures d'or, celle du Taureau.
"Pourquoi le Taureau ?" demanda Seiya.
"C'est la plus facile à faire. Il faut juste induire la volonté
de Force en elle, et c'est une valeur relativement facile à comprendre.
Je dois ensuite créer celle du Scorpion, qui a la valeur de Vitesse."
"C'est quoi cette histoire de valeur ?"
"Chaque armure possède un point fort, une vertu principale.
Le Taureau, c'est la Force. Pour d'autres, c'est plus difficile. La Balance,
par exemple, c'est l'Equilibre. Celui qui crée une armure doit inclure
la Valeur nécessaire dans l'armure. Plus d'autres trucs, comme le
Lien avec sa Constellation, la Pierre Précieuse, et la Grande Date.
Mais là ça devient plus technique."
"Oui. J'y comprend plus rien." Seiya riait.
"Créer une armure est très difficile. Je dois 'comprendre' ce que représente l'armure pour lui insuffler la vie. Si on veut faire une comparaison, s'il est aussi facile de réparer une armure que de repeindre le mur d'une maison, il est aussi complexe de créer une armure à partir de rien que de fabriquer une ville autour de cette maison."
"Eh bien ! " Shiryu était fier des progrès de celui
qui fut son élève pendant peu de temps. "Te voilà
véritablement le Chevalier du Bélier. Quand vas-tu te forger
une armure ?"
"Pas encore. J'ai échoué deux fois pour créer
celle du Taureau. Pas assez de Force la première fois, et trop de
Tension la deuxième."
"Parle pas comme ça, j'aime pas ne pas comprendre." Seiya
semblait vexé que Kiki soit devenu plus intelligent que lui.
"Tant que je ne saurais pas créer une armure du premier coup,
je ne serais pas digne d'être le chevalier du Bélier. Donc,
ça attendra que j'ai fait des progrès."
"Tu y arriveras. Ce que tu as fait est fabuleux. Mu serait fier
de toi."
Shiryu avait posé la main sur son épaule. Kiki était désormais presque aussi grand que le Chevalier Divin. Shiryu avait amené le petit Dohko, son fils de trois ans, avec lui. Celui-ci touchait l'armure d'or, semblant la reconnaître.
"Merci Shiryu. Alors Seiya", dit-il en regardant Pégase, "Miho
attend encore un enfant ? C'est ton troisième, déjà.
Tu crois que tu auras une fille, cette fois ?"
"J'espère bien. Je crois que Miho voudra avoir des enfants
tant qu'elle n'aura pas de fille. Mais je sur sûr que même
si c'en est une, elle voudra en avoir d'autres."
"Tu n'as pas peur de te retrouver avec tant de gosses que tu ne
pourras plus sortir de chez toi sans en avoir un dans les jambes ? Moi,
j'aurais un peu peur d'une famille trop nombreuse."
"C'est parce que tu n'as pas encore eu d'enfant. Attends un peu et tu verras. Au début, j'avais peur moi aussi, mais maintenant, je suis prêt à recommencer pour un quatrième et même plus. Au fait, ne dis pas ce que tu viens de me dire à Athéna. Elle attend son deuxième enfant. Et elle est très susceptible quand elle est enceinte. Quand elle a mis Hélène au monde, j'ai été soulagé. Avant l'accouchement, elle rentrait comme une furie dans le Bureau du Pope et m'engueulait pour un rien et une heure plus tard, elle revenait pour s'excuser. Jabu n'arrivait pas à la contrôler. Il en a bavé. Epuisant."
"Oui, eh bien, moi, le moment que je préfère avec les enfants, c'est neuf mois avant leur naissance !"
Seiya et Shiryu rirent, mais Shiryu redevint sérieux, gardant tout de même un air moqueur.
"Donc, tu t'es trouvé une petite amie... A quand le mariage
?"
"Elle m'a plaqué. C'est pas pour cette fois."
"Désolé."
"C'est rien. Bon, alors vous l'amenez au Sanctuaire, ma merveilleuse
armure d'or ?"
Kiki regardait le ciel de Jamir, si bleu, si pur, dans cette région de l'Himalaya. Il se demanda pourquoi elle l'avait quitté. C'était la troisième fois qu'une fille le laissait tomber. Il n'avait jamais eu de problème pour les séduire, mais pour les garder c'était une autre affaire.
Kiki était presque un adulte maintenant. Il était beau garçon, un athlète parfait, le genre de garçon à faire pâlir d'envie les copines de ses petites amies. D'ailleurs, deux d'entre elles l'avaient fièrement exhibé lors de soirées, et il avait fait sensation. Kiki avait un visage fin, avec de grands yeux, mais il paraissait déjà assez mûr, et contrairement à Shun, avait une apparence indéniablement masculine. Il avait laissé pousser ses cheveux jusque sur ses épaules, et avait envisagé un moment de les rassembler en queue de cheval, mais il ne voulait pas ressembler trop à son maître. Les deux points violets sur son front étaient souvent masqués par ses cheveux, mais ils avaient aussi un rôle à jouer dans sa tactique de séduction, car souvent les filles étaient intriguées, et se laissaient alors plus facilement approcher.
Il avait donc un certain succès auprès des femmes, mais il était encore seul. Sa première amie n'était restée avec lui que deux mois, et la troisième un mois seulement. Seule sa deuxième conquête avait eu la patience d'attendre quatre mois pour le larguer. C'était un bon souvenir pour Kiki. Ce fut elle qui lui permit de s'initier aux joies du sexe. Ils avaient souvent fait l'amour, et Kiki avait fait de nombreuses découvertes sur les femmes grâce à elle. D'ailleurs, il était certain que grâce à cet expérience, il était devenu un bon amant. Et ce ne serait pas sa dernière petite amie qui le contredirait. Il la faisait grimper au plafond.
Ce qu'il ne comprenait pas, c'était pourquoi les filles le laissaient tomber après un laps de temps relativement court. Il était beau, gentil, et il savait les faire jouir. Que pouvaient-elles vouloir de plus ? Kiki ne voyait qu'une solution : il n'avait pas encore trouvé la femme qu'il lui fallait.
Kiki interrompit ses pensées. Il avait bien travaillé, et avait réussi sa première armure d'or. Il voulait s'accorder une récompense. Il ferma la tour - on ne sait jamais - et s'envola pour Tokyo. Là, il chercherait à nouveau l'âme soeur.
"Aaah non, pas comme ça, s'il te plaît..."
"Mais si, tu vas voir, c'est encore meilleur."
Kiki donna un coup de rein et s'installa au plus profond d'elle. Il aimait bien faire l'amour dans cette position, se tenant derrière sa partenaire, et la dominant complètement. Il s'allongea sur elle, glissa ses mains entre le lit et le corps de Rumiko, et prit ses seins au creux de ses mains. Puis il commença à bouger. La position était inconfortable, autant pour elle que pour lui, mais la torsion de leurs deux corps, obligatoire dans cette étreinte, augmentait son plaisir. Il savait aussi que tout son poids se reportait sur l'avant, excitant encore plus les organes de sa partenaire. C'était une des meilleures positions qu'il ait expérimenté. Il aimait bien comprendre les techniques amoureuses, afin de les optimiser. Sans doute une déformation professionnelle.
Rumiko était une jeune japonaise, elle avait un an de moins que lui mais n'était déjà plus vierge. Il l'avait rencontrée à la Fondation, car elle participait à un projet pédagogique mené par Saori. Ils avaient sympathisé, il lui avait fait la cour, et elle n'avait pu résister à son charme. Cela faisait trois mois qu'ils étaient ensemble. Ils faisaient l'amour tous les jours, se cachant de ses parents qui croyaient qu'elle travaillait à la fondation. Kiki aimait bien Rumiko, elle était gentille, sensuelle, et se plaignait rarement, même lorsqu'il lui faisait mal par inadvertance.
Rumiko gémit, le plaisir montait en elle. Kiki changea de rythme, la forçant à s'accorder sur ses nouveaux mouvements, afin que cela dure plus longtemps. Il ne fallait pas finir trop vite. Puis elle ne put plus se retenir et atteignit l'orgasme. Kiki se redressa alors, et amplifia ses mouvements, achevant sa propre jouissance, tandis que Rumiko gémissait, les larmes aux bord des yeux.
"Alors c'était bon, non ?" Kiki était couché
sur le dos, tenant Rumiko contre lui, la tête posée sur sa
poitrine.
"Ou.. oui. Un peu douloureux quand même. Ce n'est pas très
confortable."
"Ah bon ? Alors on le fera plus. Demain, je te montrerai quelque
chose d'autre."
Kiki était fier de ses connaissances dans le domaine du sexe. Depuis qu'il avait découvert le Kama-sutra dans la bibliothèque de Mu, il s'était mis en tête d'expérimenter toutes les positions, de façon quasi systématique, afin de découvrir si vraiment cet ouvrage était complet.
Rumiko se tourna vers lui, et le fixa un instant, hésitante,
avant de se risquer à parler.
"Kiki... je dois te dire quelque chose... Je n'ai pas eu mes règles
ce mois-ci."
Kiki ne sut quoi répondre. Une vague de panique passa sur lui, mais il retrouva vite son calme. Il réfléchissait à toute allure, envisageant toutes les possibilités.
"Tu crois que c'est moi le père ? Tu en es sure ? "
"Oui. Tu es le seul garçon avec qui... Enfin, tu vois. Et
comme on a pas toujours mis de protection..."
"Ok. Qu'est ce que tu veux en faire ? Tu comptes le garder ? Que
vont dire tes parents ?"
"Je... je sais pas encore. Il vont être furieux, c'est sûr.
Je sais pas si je vais, si je veux le garder..."
"Si tes parents sont pas d'accord, il vaut peut-être mieux
pas. En tout cas, tant que tu veux rester chez eux. Je t'aiderai, je demanderai
à la Fondation de s'occuper de tout. Si tu veux le garder, pas de
problème, ils ont aussi de bons toubibs..."
"La Fondation ! Je m'en fous de la Fondation ! C'est ton avis que
je veux !" Rumiko était furieuse. Elle ne retenait plus ses larmes.
"Mais... Mais j'en sais rien, moi ! Tu m'annonces que tu es enceinte,
et ensuite tu me demandes ce qu'on fait. Je cherche les solutions, moi
!" Kiki ne comprenait pas cette fureur. "J'ai pas voulu ce gamin, moi !
Mais si ça te fait plaisir de le garder..."
"Ok, j'ai compris." Rumiko se leva, et entreprit de s'habiller.
"Mais qu'est ce que tu fais ?" Kiki n'y croyait pas. Elle allait
le faire. Elle allait le larguer. Maintenant. Et avec un enfant de lui
en plus.
"Je me tire. Je veux plus te voir. T'est vraiment un salaud, je
me demande bien comment je l'ai pas vu plus tôt. T'en fais pas pour
le gamin, si je le garde, je te demanderais rien. Salut."
Avant que Kiki ait pu dire un mot, Rumiko était partie, le laissant seul, et nu, sur le lit. Kiki resta un moment immobile, puis il laissa éclater sa fureur et hurla pendant dix minutes.
Il fit tant de bruit qu'il ne put jamais remettre les pieds dans ce love-hôtel.
Chapitre 2 : "Trois semaines et demi"
Un an plus tard, Kiki retrouva Rumiko. Elle était venue à la Fondation, pour la clôture de ce projet. Le hasard fit qu'ils se rencontrèrent.
Kiki n'avait pas repris son travail sur les armures d'or. Athéna lui avait demandé d'insister un peu plus sur les armures de bronze et d'argent car de nombreux apprentis arrivaient en fin de formation et le Sanctuaire allait manquer d'armures pour les sacrer chevaliers. Un bloc d'orichalque inachevé, c'était ce qui restait de son travail sur l'armure du Scorpion. Comme il venait de terminer un lot d'armures, Kiki s'était accordé quelques jours de repos, et était passé au manoir, à la date de la réception pour la clôture du projet.
Quand Kiki vit Rumiko, il sut qu'il devait lui parler.
"Rumiko ?"
"Tiens, Kiki." Rumiko ne semblait pas particulièrement heureuse
de le revoir, et il le comprenait fort bien, mais elle n'était pas
furieuse non plus. "Alors, toujours seul ?"
"Je... Comment t'as deviné ?" Kiki jouait les enjoués,
mais la question de Rumiko le troublait. Elle était sure de la réponse.
"Pas difficile. Je te connais bien."
"Rumiko... Tu... tu as gardé le..."
"Le bébé ? Non. J'ai préféré
avorter. Je ne voulais pas gâcher ma vie et mes études pour
trois mois de baise avec un salaud."
Aie ! Kiki se rendit compte qu'elle n'avait rien oublié, et qu'elle lui en voulait toujours. Plus, même, car elle avait dû faire une chose qu'elle n'avait sans doute jamais envisagé, et cela sans doute, en gardant le secret. Une épreuve sans doute pour la jeune fille, rendue plus difficile encore par la séparation.
"Je... je suis désolé. Je savais pas comment réagir...
Je... j'aurais peut être du te dire de le garder..."
"Ca n'aurait rien changé. Tu n'avais qu'une chose à
dire à ce moment-là, mais je doute qu'elle te vienne à
l'esprit un jour. T'es vraiment un con."
Rumiko fit demi tour et le planta là. Kiki ne sut quoi faire, quoi dire, et la regarda partir. Une soudaine pulsion, l'envie de la tenir dans ses bras le prit. Il devait lui dire. Il courut pour la rattraper, écartant les autres invités. Elle était déjà sortie. Il se précipita vers la porte, l'ouvrit, et renversa une personne qui se trouvait juste derrière.
"Pouvez pas faire attention ?" Kiki était furieux. Il regarda si la personne s'était fait mal, et s'arrêta net. C'était une jeune fille, portant des lunettes noires et une canne blanche. Une aveugle.
"Pardon, excusez-moi. Je n'avais pas vu..." Kiki était rouge
de honte. Il aurait dû faire attention.
"Moi non plus, je ne vous avais pas vu." La jeune fille souriait
de cette mésaventure. "Aie !" En voulant se relever, elle poussa
un cri. Elle s'était tordue la cheville.
"Attendez, ne bougez pas je vais vous aider." Kiki l'aida à
se relever. Elle était si légère. Il se sentit très
gêné, cette situation le mettait mal à l'aise.
"Eh bien je crois que vous allez devoir me porter jusqu'à
une chaise." Elle souriait toujours.
"Euh... oui." Kiki la souleva, et elle s'accrocha à son cou.
"Où alliez-vous ?"
"Dans la salle de réunion, mais j'entends que c'est déjà
fini. J'étais très en retard. Emmenez moi dans un coin tranquille,
j'attendrai que ça aille mieux."
"Il y a un petit salon, à côté."
Kiki la porta jusque là, faisant très attention, cette fois. Il s'arrêta après avoir ouvert la porte. Le salon était désert.
"Tenez, là vous serez bien. C'est un endroit très reposant."
"Si vous le dîtes." Kiki avait oublié qu'elle était
aveugle. Que lui importait si le salon était joli ?
Kiki la déposa sur un divan, et vit que la cheville était un peu gonflée.
"Je... vous avez mal ?"
"Un peu. Mais ça ira."
"Non. Je vais vous masser la cheville. J'ai certains dons pour ce
genre de choses." C'était vrai. Kiki avait aussi des compétences
pour soigner les petites blessures grâce à son cosmos. C'était
aussi un des rôles du chevalier du Bélier. "Si ça vous
dérange pas..."
"Non. Je vous remercie."
Kiki prit la cheville dans ses mains, effleurant l'hématome, il trouva vite quelle en était la source. Il diffusa alors son cosmos à travers ses doigts, tout en massant doucement la chair gonflée, faisant pénétrer la chaleur à travers les tissus pour atteindre les vaisseaux sanguins.
"C'est chaud. C'est agréable. Comment faites vous ça
?"
"Je vous l'ai dit, j'ai un don." Kiki était soulagé
qu'elle ne voit pas l'aura qui entourait ses doigts. Elle aurait posé
trop de questions. Il atteignait les vaisseaux déchirés,
accélérant leur cicatrisation par son cosmos. Il fit disparaître
l'hématome, dissipant le sang qui s'était infiltré
entre les cellules.
"Voilà. Je sens que ca dégonfle. Ca va mieux ?"
"Oui, beaucoup mieux. Vous êtes doué. Merci. Au fait,
je ne me suis pas présentée. Mon nom est Namie."
"Kiki. Enchanté."
"De même. Vous n'êtes pas japonais, non ?"
"Tibétain. Comment avez-vous deviné ? On m'a toujours
dit que mon japonais était parfait."
"Les gens voient, mais n'entendent pas. Ce n'est pas mon cas. Vous
avez un accent délicieux. Ecoutez, je vous remercie vraiment, ça
m'a fait du bien. Je vous invite à prendre un café. Ne dites
pas non. Et puis, par ma faute, vous avez manqué la personne que
vous poursuiviez. C'était bien ça, n'est ce pas ?"
"Euh... oui. Mais ce n'est pas grave. Je la reverrai. Mais de toutes
façons c'est ma faute. Je n'avais qu'à faire attention. C'est
à moi de m'excuser, et de vous inviter."
"D'accord. On s'invite mutuellement, alors." Elle souriait. Kiki
réalisa alors qu'elle était charmante. Profitant de sa cécité,
il l'observa en détail.
Elle était plutôt petite, comparée à Rumiko ou ses anciennes amies, mais cela ne la désavantageait pas. Elle était bien proportionnée, et Kiki, par habitude, jaugea ses mensurations. Elle avait une poitrine plutôt forte pour sa taille, mais peu de fesse. Kiki secoua la tête. Qu'avait-il donc à la scruter ainsi ? Il avait envie de voir ses yeux, mais en même temps redoutait de découvrir ce qui se cachait derrière les verres teintés.
"Eh bien ? Qu'avez-vous ? On y va ?"
"Ok. Laissez moi vous aider."
"Eh bien ! Quel palmarès ! Tu es un Don Juan !"
"Mais comme lui, je finirais tout seul, j'en ai peur."
Kiki ne savait plus comment la discussion avait pu ainsi déboucher sur la liste de ses conquêtes féminines, mais il en était arrivé à tout déballer devant Namie, racontant sa vie sans en savoir plus sur elle. En parlant, il réalisait qu'il n'était qu'un play-boy, qui n'arrivait pas à se fixer. Depuis que Rumiko l'avait plaqué, voilà un an, il avait séduit et mis dans son lit huit filles, qui l'avaient toutes laissé tomber après un très court moment. C'était de pire en pire et il commençait à se poser des questions.
"Et toi, alors ?" Kiki lui retourna la question. "Tu as eu beaucoup
de petits copains ?"
"C'est une question que l'on ne pose pas à une jeune fille."
Elle disait cela avec sérieux, autorité même, puis
s'esclaffa. "Je ne répondrais que sous la torture. Je tiens à
mes petits secrets."
"C'est pas juste ! Je t'ai tout dit à mon sujet." Mensonge,
pensa-t-il. Je n'ai rien dit sur les chevaliers. "Et toi, tu dis rien du
tout."
"C'est ca, le Mystère Féminin."
Ils ne tardèrent pas à sortir ensemble. Namie avait déjà dix-neuf ans, et c'était la première fois que Kiki se trouvait avec une femme plus âgée. Il dut aussi entièrement revoir sa technique de drague. Impossible de l'emmener au cinéma, alors il se contenta de concerts, mais l'ambiance y était moins propice à une approche subtile. Namie voulut l'emmener à l'Opéra, et dut briser sa réticence, car il trouvait cela ringard. Il fut enchanté, et voulut même y retourner. Chaque jour, ils devenaient plus proches, mais tout en restant seulement des amis. Kiki, bien que voulant la séduire, ne parvenait pas à se débarrasser d'une certaine gêne.
Il profitait malgré tout de ce bonheur, qu'il avait rarement connu. Chaque fois qu'il avait séduit une fille, il avait toujours fait en sorte de l'éblouir pour la mener plus facilement dans son lit. Kiki n'avait en fait jamais vraiment aimé ces filles, elles avaient toutes été gentilles, et sensuelles, mais plutôt inintéressantes. Namie était différente. C'était elle qui l'éblouissait. Elle lui faisait découvrir des endroits qu'il ne connaissait pas, lui montrait la ville sous un autre angle. Kiki était toujours étonné de découvrir à quel point elle pouvait être consciente de choses qu'elle n'avait jamais vues, mais qu'elle comprenait fort bien. Kiki se sentait bien avec cette fille. Elle était peut être bien celle qu'il cherchait.
Mais quelque part au fond de son esprit, une voix lui disait qu'il voulait juste coucher avec elle. Juste pour savoir. Pour essayer.
Trois semaines et demi exactement après leur rencontre, elle l'invita chez elle pour boire un verre. La fin de la soirée approchait et Namie reconduisit Kiki jusqu'à sa porte.
"Eh bien, voilà. Merci pour le verre..." Kiki se sentait embarrassé,
ce qui lui arrivait rarement.
"Euh oui. Alors bonne nuit. On se voit demain ?"
"Voir ?"
"Façon de parler. Je... bonsoir."
Kiki se pencha légèrement et l'embrassa sur la joue.
Comme il était étrange de se sentir si hésitant, lui
qui avait mis tant de filles dans son lit ! Namie voulut déposer
un baiser sur sa joue aussi, mais Kiki avait déjà commencé
à tourner la tête et les lèvres de Namie se posèrent
au coin de la bouche de Kiki.
"Oh ! Pardon..."
"Non, je... c'est ma faute... Je..."
Il y eut un silence pendant lequel Kiki regarda Namie, puis, lentement, il se pencha à nouveau, et posa ses lèvres sur les siennes. Namie répondit avec ardeur, Kiki ferma la porte d'entrée derrière lui, souleva Namie, et la porta dans sa chambre.
Kiki lui ôta ses lunettes, voyant pour la première fois ses yeux. Elle était aveugle de naissance, sa cécité était due à une malformation du nerf optique, mais ses yeux n'étaient pas eux-mêmes affectés. Elle avait l'iris sombre, d'une couleur marron tendant vers le noir, où la pupille paraissait plus noire encore. Cela lui donnait un air étrange, renforcé par l'immobilité ou la trop grande mobilité - tout dépendait du moment - de son regard.
Il la déposa sur le lit, puis la dévêtit lentement, tout en la caressant, couvrant son corps de baisers. Quand il voulut s'allonger contre elle, elle se releva immédiatement.
"Et moi, alors ? Je n'ai pas le droit de te déshabiller ?"
Elle le fit asseoir au bord du lit, puis le renversa sur les draps, et lui ôta sa chemise. Kiki se laissait faire. Il n'avait pas l'habitude que ce soit ses partenaires qui prennent les initiatives, mais il voulait la laisser libre. Kiki se demanda comment elle pouvait ainsi être si naturelle dans ses mouvements alors qu'elle ne voyait rien.
Elle caressa sa poitrine, jouant avec les aréoles sur son torse musclé.
"Tu es costaud, dis donc. Tu te rases la poitrine ? Tu n'as pas un
poil."
"Non, je suis imberbe. C'est génétique."
"Quels abdominaux ! Tu m'avais pas dit que tu faisais de la musculation."
"Des sports de combat."
"Ah. Et voyons, là, si tu es aussi musclé."
Namie enfouit sa main dans son pantalon. Elle empoigna ce qu'elle cherchait, en vérifia la taille. Kiki retint un gémissement. Il était déjà très excité. Le contact de la main de Namie augmenta encore son désir, et en quelques instants, Kiki se tint fièrement debout au creux de la paume de la jeune femme.
"Pas mal. Mais je suis sure que dans deux minutes, ce sera beaucoup mieux. Laisse moi préparer le terrain."
Namie fit glisser son pantalon sur ses chevilles, son slip aussi, le mettant à nu. Kiki voulut se relever mais elle le repoussa sur le lit à nouveau dès qu'elle eut détecté son mouvement. Elle se leva, ouvrit un tiroir d'une commode et en sortit un préservatif. Elle déchira l'emballage et déroula le caoutchouc sur toute la longueur. Kiki s'autorisa cette fois à laisser échapper un gémissement tandis qu'elle l'habillait de la mince couche plastique. Puis elle engloutit sa prise, et commença à jouer avec, excitant la chair à coups de langue ou du bout de ses doigts. Kiki ne faisait rien, et la laissait entièrement mener l'action. Il se sentait prisonnier de sa bouche, et restait juste là, étendu sur les draps, attentif aux sensations qui montaient en lui, ne voulant pas que cela finisse trop vite mais luttant contre sa propre impatience.
Soudain, elle s'arrêta, monta sur le lit, et s'assit sur son ventre. Elle se pencha, et Kiki releva la tête pour l'embrasser. Elle le maintenait toujours cloué au lit, mais le laissait maintenant la caresser. Kiki se montra tendre, jouant de ses mains sur le corps pâle de Namie, électrisant doucement la peau par le simple contact de ses doigts. Mais il sentait que sa chair, coincée derrière les fesses de Namie, réclamait son dû.
"Tu joues avec moi ?" Kiki posa la question en souriant.
"Ah bon ? Ce truc là n'est pas un jouet pour femme ?" dit-elle
en tendant la main, effleurant l'extrémité turgescente, derrière
son dos.
"On peut le voir comme ça. Mais fais attention à ne
pas casser ce jouet, j'y tiens beaucoup."
Elle se pencha, l'embrassant encore, tout en continuant, de sa main, à l'exciter. Kiki se sentait prêt à exploser directement dans sa main, ce qui aurait été ridicule, vu tout le mal qu'elle s'était donné pour leur préparer un délicieux instant.
Kiki souleva donc Namie, puis s'aida de ses bras pour se hisser, faisant glisser son corps sur les draps, afin de ne plus se trouver au bord du lit. Mais Namie ne le laissa pas se redresser, et se rassit sur son torse, voulant encore en faire son prisonnier, tout en ne relâchant pas sa pression de la main.
"Dis donc, tu vas continuer longtemps ? Je te préviens, je
ne sais pas si je pourrai tenir très longtemps, je ne suis pas très
fort pour ce genre de jeu."
"Oh le mauvais perdant ! Tu n'aimes pas sentir mes fesses contre
ton coeur ? "
"Ah si, c'est fort agréable, mais je dis ça pour toi.
Si tu veux profiter un peu du truc tout dur que tu tiens dans ta main,
avant qu'il ne ramollisse."
"Oh, tu es à point, alors. D'accord, je vais l'essayer."
Elle se recula un peu, et le guidant en elle de ses mains, s'assit sur lui. Kiki gémit, de contentement et aussi de plaisir, sentant combien agréable serait cette étreinte. Ensuite, Namie commença à se soulever pour retomber sur lui, à un rythme très lent.
Kiki aurait voulu accélérer le mouvement, car son corps le brûlait, mais elle le dominait complètement, et avait fait de lui son jouet. Il ne put que la caresser, tandis qu'elle bougeait, sentant l'excitation du moment précédent baisser peu à peu, la tension redescendre, l'éloignant de l'explosion finale. Elle gagnait du temps, afin d'atteindre elle-même le plaisir. Namie bougeait régulièrement, tout en le "regardant" de haut, souriant toujours.
"Tu es à ton aise, Kiki ?"
"Ahhh... oui... Tu es vraiment douée..." Kiki se forçait
un peu. Il préférait des étreintes plus passionnées.
Le plaisir qu'il ressentait était alors plus intense. Il avait l'impression
qu'il risquait de s'ennuyer ou pire de s'endormir en plein action !
Il sembla à Kiki qu'il battait son record d'endurance, et qu'ils étaient ainsi soudés depuis plus longtemps qu'il n'aurait pensé pouvoir tenir un jour, quand elle se mit à gémir. Le plaisir la submergeait maintenant, et ses mouvements devinrent moins contrôlés, plus saccadés. Kiki posa ses mains sur ses hanches et imposa à nouveau le même rythme lent, conscient qu'en faisant ainsi il acceptait qu'elle dirige leurs ébats. Mais après s'être calmée, Namie prit les mains de Kiki et les posa sur ses propres fesses, l'incitant à donner son propre tempo. Elle se pencha sur lui, ses cheveux noirs tombant autour de son visage, et l'embrassa fougueusement. Kiki ferma les yeux, répondant à son baiser. Mais en cet instant, la bouche de Namie ne l'intéressait plus. Il voulait en finir.
Il commença alors à accélérer les mouvements, soulevant puis repoussant Namie toujours plus loin, plus profond, donnant des coups de rein pour rendre plus rapide encore sa progression. Très vite, il se mit à donner de véritables coups de boutoir, sentant que le dénouement approchait. Il grognait, serrant les dents. En quelques minutes, tout fut terminé.
Epuisé, haletant, Kiki ne comprenait pas comment elle avait pu le forcer ainsi à devenir si violent à la fin de leurs ébats. Toute la tendresse du début était devenue bestialité. Il avait l'impression de s'être énervé. Etait-ce parce qu'il s'était senti inférieur ?
"Eh bien, Kiki, il va falloir que tu apprennes à te maîtriser. C'était un peu rapide à mon goût, surtout la fin. Tu étais donc si pressé ?" Namie lui souriait, semblant le regarder, son visage tourné vers lui. Kiki fut piqué au vif. Elle avait ralenti exprès pour son propre plaisir !
"Je n'ai pas l'habitude d'être dominé. J'ai toujours
pris les initiatives."
"Il faut changer un peu. C'est plus amusant."
"Peut-être. Mais il y a des choses que je n'aime pas changer."
"En amour, il faut savoir s'accorder à l'autre." Elle souriait
toujours.
Kiki sentait monter la colère. Elle lui donnait une leçon. Il ne supportait pas ça.
"Qui parle d'amour ? Je parle de sexe. Quand je baise, j'aime être le dominant, pas le dominé. Point." Son ton était plus sec qu'il ne le voulait vraiment.
"Un instant, Kiki." Le ton de Namie devint plus vif. Kiki savait qu'ils allaient s'engueuler, mais il était incapable de modifier son comportement agressif. Il lui semblait être un simple spectateur, croyait se voir de l'extérieur, se disputant avec elle.
"Tu parles de sexe ? Tu veux dire que tu as juste voulu coucher avec
moi ? C'est juste mon corps, c'est ça ?"
"Mais non." Kiki avait une voix horriblement hypocrite.
"Alors, dis-le. Dis-moi que tu m'aimes." Elle le mettait au défi.
"Mais oui. On est bien ensemble, non ?"
"Dis-le. Je t'en prie..." Elle était presque suppliante.
Elle était en train de réaliser la situation, et anticipait
sa terrible conclusion.
"Je peux pas." Kiki réalisait soudain à quel point il était lâche. Ces mots si simples, il ne pouvait les dire. Cela semblait pourtant si facile, mais il s'en sentait incapable. Il préférait avouer sa lâcheté plutôt que de trouver le courage de briser ce mur qui se dressait autour de ces mots, qui les lui interdisait. C'était pour cela que Rumiko était partie. Qu'elles étaient toutes parties.
Kiki sortit de la chambre tandis que Namie pleurait.
Le lendemain, il rejoignit Jamir et reprit son travail sur les armures d'or.
Chapitre 3 : "Création"
"Eh bien ! Tu es allé sacrement vite !"
Seiya était stupéfait. En quatre mois, Kiki avait forgé plusieurs armures d'or : le Scorpion, le Lion, le Sagittaire, le Cancer, et les Poissons. Un travail de titan, pour lequel il s'était investi à fond. Il n'y avait que comme cela qu'il pouvait oublier Namie et ce qu'il lui avait fait, mais cela, c'était son secret.
Il avait tout donné pour forger ces armures et était au bord de l'épuisement. Il fallait tant de concentration, tant de force intérieure pour forger une seule armure, et lui en avait fait cinq pratiquement d'un coup. Mais il avait échoué deux fois aussi. L'armure de la Vierge lui résistait depuis déjà trois semaines. Il n'arrivait pas à lui donner sa Valeur. En fait, il ne savait pas quelle Valeur lui donner. Pour les autres, c'était assez facile, mais il n'arrivait pas à déterminer ce qui composait la Vierge. Il avait essayé la Sagesse, puis l'Ascétisme, et pour cette dernière, n'avait pas laissé à son corps de répit, jeûnant, méditant, s'interdisant même de penser à quoi que ce soit de sexuel. Mais rien n'y avait fait, et il n'arrivait pas à donner de forme au bloc d'orichalque.
Son deuxième échec était les Gémeaux. Il ne parvenait pas à comprendre la dualité, qu'il savait être la Valeur à donner à l'armure, ne parvenait pas à cerner ce qui faisait la différence entre les deux aspects des Gémeaux.
Ces échecs l'énervaient, mais il ne pouvait se permettre de troubler son esprit par des tensions, quelles qu'elles soient. Pour le moment, il devait laisser tomber ces signes et se reporter sur une autre armure, plus facile, le Capricorne.
"Alors, elles te plaisent ?" Kiki se dit que la fatigue devait se
lire sur son visage, mais il essayait de paraître enjoué.
"Ce sont les exactes répliques des anciennes. C'est vraiment
fantastique. C'est fait exprès qu'elles soient comme les précédentes
?"
"Oui et non. Oui, car c'est plus facile ainsi, j'ai déjà un modèle. Et non, car en fait, la forme de l'armure dépend de la quantité de Valeur que j'y mets dedans, mais surtout de son signe. Ainsi, si je devais reforger l'armure de Pégase, elle serait sans doute différente dans sa forme, car la quantité de Valeur y est moindre que dans une armure d'or. Mais elle aurait un air de famille à cause de son signe. En fait, je n'ai que peu de contrôle sur la forme de l'armure. Je ne sculpte pas, je ne fais que donner une matérialisation. C'est l'armure elle-même qui définit dans une certaine mesure sa forme, en fonction de ce qu'elle est."
"Si je comprends bien, les armures d'or doivent être ainsi.
Ce sont elles qui choisissent leur forme."
"Exactement. Souviens-toi quand l'armure de Pégase est devenue
une armure divine. Personne ne l'a gravée. c'est uniquement ton
cosmos, mélangé à sa Valeur et sa Constellation, qui
lui a donné sa forme."
"C'est vraiment bizarre ces histoires. Je ne m'imaginais pas la
fabrication d'une armure comme ça."
"C'est pas évident à expliquer non plus. Il m'a fallu
longtemps pour comprendre. Mais je crois que tu réalises maintenant
le véritable rôle du Chevalier du Bélier."
"En effet. Mais dis-moi, où trouves-tu l'or pour l'armure
? Tu dévalises quand même pas les banques ?"
Kiki sourit. Peu nombreux étaient les chevaliers qui savaient. Kiki essuya la sueur qui coulait sur son front - il ne faisait pourtant pas si chaud ! - et répondit.
"Ce n'est pas de l'or, mais de l'orichalque. Je croyais que tu le savais. Seul ce métal a le pouvoir de fixer le cosmos, et de se modeler en fonction. Toutes les armures sont faites d'orichalque, et on ne peut les modeler que grâce au Cosmos, qui leur donne une couleur et une résistance. C'est pour cela que les forgeurs d'armure sont des chevaliers d'or. Eux seuls sont assez puissants pour forger d'autres armures. Je ne suis capable de créer que des armures inférieures à mon cosmos."
"Tu ne peux pas forger d'armure divine, donc."
"Exactement. Quant à savoir où je cache l'orichalque, tu peux repasser, Seiya ! Seuls Athéna et le Chevalier du Bélier savent où en trouver. Même le Grand Pope doit l'ignorer. Je suis une exception car je ne suis pas encore chevalier, mais je dois justement reforger toutes les armures, donc Athéna a fléchi la règle pour moi. Mais je ne peux en parler."
"Je vois." Seiya semblait enfin réaliser la fatigue de Kiki.
"Promets moi que tu iras plus lentement pour les autres, tu as l'air épuisé."
"Promis. Mais j'avais besoin de ça." C'était vrai.
Mais il savait qu'il devait se reposer un peu.
"Je te demandes pas de me raconter ta vie. Mais si tu en as besoin..."
"Ca ira. Merci, Seiya. Tu veux un coup de main pour emmener les
armures au Sanctuaire ?"
"Non. Je vais m'y téléporter avec elles."
"A bientôt Seiya."
"Prends soin de toi."
Seiya disparut avec les armures, laissant Kiki seul. Celui-ci était épuisé. Il avait du mal à respirer. Kiki s'assit sur un rocher. Son coeur battait trop fort dans sa poitrine. Il devait absolument se reposer, dormir un peu. Il voulut se lever mais son corps ne lui obéît pas. Il glissa et tomba au sol. Sa respiration était si faible.
"A l'aide..." les mots ne purent sortir de sa gorge mais ils sonnaient pourtant si forts dans son esprit. Kiki perdit connaissance.
"Kiki ?"
Kiki ouvrit les yeux. Il était dans une chambre d'hôpital, une perfusion au bras gauche. Un tube entrait dans ses narines, lui distribuant de l'air. Des moniteurs près de lui montraient un rythme cardiaque régulier. Il se sentait bien. Il tourna la tête à droite, vit une ombre assise près de lui dans la pièce non éclairée.
"Namie ?"
"Namie ? Désolée, Kiki, ce n'est que moi." Kiki distingua
les traits de Saori.
"Athéna ? Je ne vous avais pas reconnue."
"Tu attendais quelqu'un d'autre." Ce n'était pas une question.
Kiki ne répondit pas.
"Kiki, tu devrais faire attention à toi. Pour Namie."
"Je vous en prie, Athéna, ne me parlez pas d'elle." Kiki
sentait les larmes monter à ses yeux. En cet instant, elle lui manquait
terriblement. Elle aurait su le réconforter, lui parler.
"Kiki, tu as fait un infarctus. Tu n'as même pas vingt ans, et tu nous fait une crise cardiaque comme un mortel au bout du rouleau." Saori insistait sur le 'mortel', lui rappelant que sa condition de chevalier aurait dû le placer au dessus des simples maladies. "Tu as trop forcé, tu aurais dû prendre plus de temps pour ces armures." Elle attendit un instant. "Tu aurais dû t'occuper de ta santé. Tu aurais dû t'occuper d'elle."
C'en était trop pour Kiki. Il ne put retenir ses larmes.
"Athéna ! Pourquoi est-ce que j'ai été cruel
avec elle ? Elle ne méritait pas ça !"
Saori caressa le front de Kiki, le regardant avec tendresse. Elle était si douce, si maternelle.
"Tu n'es pas cruel, Kiki. Mais tu as besoin de mieux te connaître pour apprécier vraiment les autres. Prends des vacances. Réfléchis. Je t'interdis de revenir à Jamir tant que tu ne seras pas au mieux de ta forme. J'ai besoin du Chevalier du Bélier."
Kiki regardait le ciel. Il était étendu dans l'herbe, dans les jardins de la Fondation. Il était sorti de l'hôpital depuis déjà quelques temps mais profitait de ces vacances forcées. Athéna avait raison, il devait recouvrer entièrement ses forces avant de retourner à Jamir.
Kiki ne voulait penser à rien, et il laissait son esprit libre de toute contrainte. Il s'amusa à constater que son cerveau lui présentait des images, indépendamment de sa volonté. Mu, Seiya, Athéna, Namie. Elle était la seule personne qu'il voyait et qui n'appartenait pas au monde des chevaliers. Elle lui manquait, mais il ne se sentait pas le courage de réparer ce qu'il avait brisé.
Il chassa les images qui dansaient devant ses yeux. Au diable le passé ! Kiki se dit qu'il devait s'amuser tant qu'il était au repos, car il restait encore de nombreuses armures à forger, et il n'aurait pas le temps ensuite. Il sourit. Et s'il trouvait une jeune fille mignonne et coopérative ? Il ne ferait pas la même erreur cette fois et lui ferait bien comprendre qu'il ne voulait que s'amuser. Ce genre de fille devait quand même se trouver assez facilement.
Kiki se leva. Il fonça dans sa chambre, prit une pleine poignée
de préservatifs et partit en chasse.
"Aaaaah oui...."
Kiki contracta ses muscles pelviens, comme s'il voulait donner plus de raideur encore à sa chair. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour trouver une fille à séduire, et encore une fois, son charme avait fait des ravages. Il avait été assez direct, et avait ramené la fille dans un love-hôtel. Il était maintenant en train de lui faire sa fête.
Kiki la besognait vigoureusement, hargneusement, même. Il ne cherchait pas à être tendre, et la jeune fille ne semblait pas non plus désirer plus de délicatesse. Elle avait besoin d'un homme et lui avait besoin d'une femme. C'était tout. Cette étreinte - qui n'avait d'amoureuse que le nom - lui servait seulement à purger son esprit de toute pensée, lui permettait simplement de ne plus penser à ... Kiki secoua la tête. Pourquoi la voyait-il en ce moment ? La fille, dont il avait déjà oublié le nom, et qui se tordait de plaisir sous lui, devrait pourtant occuper toute son attention.
Kiki sentit une plus grande tension dans son corps, vit un instant des étoiles devant ses yeux tandis que sa respiration était coupée, et libéra enfin toute son énergie. Il resta en elle durant tout le temps où il se vidait de sa force, et s'effondra ensuite sur le lit, suant.
"Wouah ! T'es vraiment pas mal comme mec ! Jamais j'avais fait ça
aussi souvent, j'ai l'impression d'être en feu. Tu crois que tu peux
recommencer ?"
"J'en sais rien. Je suis vidé. Et en plus j'ai plus de capote.
On a épuisé le stock."
"Eh bien, je suis contente de t'avoir rencontré. J'ai pas
perdu mon après-midi. Au fait, pour la chambre..."
"T'occupes, c'est moi qui régale." Kiki savait bien que c'était
la Fondation qui paierait, sans même poser de question, même
si la facture allait être salée. Le prix des chambres à
l'heure n'était pas donné dans ce quartier, et ils étaient
restés longtemps.
"Dis, tu crois qu'on peut se revoir ? Juste pour... Enfin tu vois
? J'ai jamais pris un pied pareil."
"J'en sais rien. J'sais pas si c'est possible."
Kiki voulait la ménager un peu, mais en fait il n'avait pas du tout envie de la revoir. Elle était sans doute mignonne, gentille et peu farouche, et avait de l'expérience avec les hommes, mais il ne se sentait pas le courage de la revoir, ni de coucher à nouveau avec elle. Mieux valait la larguer.
"Bon, puisqu'on a fini, si on allait manger au resto ?"
Merde, elle voulait s'accrocher a lui, maintenant. Kiki décida de se débarrasser d'elle définitivement. Il allait la dégoûter de lui.
"Non, j'ai promis à ma femme de rentrer pour dîner avec les gosses."
Comme prévu, elle était partie dans les deux minutes qui suivirent, après l'avoir traité de noms d'oiseaux qu'il n'avait encore jamais entendus.
Cette jeune fille fut la dernière que Kiki voulut séduire. Il en avait assez. Cette dernière séance de jambes en l'air l'avait dégoûté de lui-même. Il s'était comporté en monstre, avait séduit pour abuser, avait juste cherché à contenter son corps.
Kiki croyait auparavant n'avoir pas eu de chance, n'être tombé que sur des femmes qui n'étaient pas faites pour lui. Il comprenait maintenant que c'était lui qui n'était pas fait pour les femmes. Certes il pouvait leur donner du plaisir, mais pas de sentiment. Kiki pensa qu'il avait un coeur de pierre.
Les semaines qui suivirent ne furent pas gaies. Kiki passait son temps à errer en ville, traînant la plupart du temps au cinéma à voir des films qu'il avait déjà oublié en sortant de la salle. Quand il rentrait dans sa chambre le soir, il se mettait au lit sans tarder et dormait jusqu'à midi. Tatsumi le vit un jour rentrer après une journée déprimante et crut avoir affaire à un zombie.
Mais Kiki passait trop de temps en ville, et malgré que Tokyo
soit grand, il finit par tomber sur elle.
"Namie."
Namie ne se retourna pas. Elle avait bien entendu la voix de Kiki derrière elle, mais ne voulait pas montrer sa surprise. Elle recomposa son expression, se donna un visage neutre, ayant appris sans jamais l'avoir vu comment donner à ses traits une fausse indifférence, puis se retourna.
"Kiki ? Je suis surprise."
"Namie, je te cherchais. Je devais te revoir."
"Tu as encore quelque chose à me dire ?" Sa voix était
froide, mais elle tremblait légèrement. Colère ou
peur ?
"J'ai... j'ai été malade. Une crise cardiaque. Trop
de boulot. Je m'en remettrais très bien, je suis encore jeune. Mais
je sais pourquoi j'ai eu cet accident."
"Kiki, je.. je ne savais pas... Tu veux qu'on en discute ?"
Namie le prenait en pitié. Kiki ne se sentit pas gêné. L'apparence ne comptait plus pour lui. Il se moquait bien d'être ridicule, de se sentir dans une position d'infériorité. Il n'avait pas besoin d'être réconforté ou d'être entendu. Il avait juste besoin d'être franc.
Ils s'assirent dans un café, et attendirent d'être servis, avant que Kiki ne commence à parler.
"Namie, je n'ai pas voulu réfléchir pendant tout ce temps, alors j'ai bossé comme un fou. C'est à cause de cela que mon coeur a lâché. Je voulais à tout prix vider mes pensées. Mais elles sont encore là, des images me hantent."
Namie sentait que Kiki était à l'aise. Enfin.
"C'est ton visage qui me hante. Je n'arrive pas à t'oublier. J'ai beau te chasser de mon esprit, tu reviens toujours. Dans mon lit d'hôpital, je te voyais partout." Il préféra omettre qu'il la voyait aussi dans d'autres moments. "Et puis, tout est devenu clair. Je sais pourquoi je ne vis plus sans toi. Je t'aime."
Il l'avait dit. Si simplement. Les mots étaient sortis tout seuls.
Namie ôta ses lunettes, lui montrant que des larmes envahissaient ses yeux aveugles.
"Tu... tu es plutôt long à te confier, Kiki. Je... Je
croyais que je ne te reverrais jamais. Que tu ne parviendrais jamais à
m'avouer ton amour. Tu as changé, Kiki. "
"Oui. Je crois que je devais te perdre pour réaliser ce qu'il
me manquait. Je me sens plus mûr, aujourd'hui."
"Et c'est tant mieux. Je retrouve le jeune homme qui m'a séduite.
C'est cette sincérité que j'avais sentie en toi, jusqu'à
cette nuit-là. Je... Je t'aime aussi."
"Alors tout est pour le mieux. Mais je ne veux rien brusquer. Je
veux recommencer calmement. Tu veux venir à l'Opéra ce soir
?"
"Oui."
"Tu as enfin réussi ?"
"Oui. Voici l'armure de la Vierge."
"Qu'est ce qui n'avait pas marché, les fois précédentes
?"
"La deuxième était une erreur. La Vierge, ce n'est
pas l'Ascétisme, c'est la Sagesse. Mais je n'étais pas sage
à l'époque. Je ne pouvais lui insuffler quelque chose que
je ne maîtrisais pas."
"Tu es donc sage, maintenant ?" Seiya était suspicieux. "Pourtant,
je croyais qu'avec Namie, vous vous amusiez bien..."
"La Sagesse, ce n'est pas le célibat, ni l'abstinence. Mais
ce n'est pas à moi de te donner des leçons."
"Ok. Garde tes petits secrets. Mais comment as-tu fait pour forger
toutes ces armures en si peu de temps ?"
Seiya se tenait devant toutes les armures manquantes : Les Gémeaux, le Verseau, le Capricorne, la Vierge et la Balance. Il ne manquait plus que le Bélier.
"Ca a été facile. Surtout maintenant. Je ne pouvais comprendre les Gémeaux, c'est à dire la dualité, que grâce à quelqu'un comme Namie. C'est elle qui m'a appris à me comporter différemment, à ne pas confondre ses désirs et les miens. J'étais trop égocentriste pour bien faire attention aux autres, et la dualité ne peut venir que d'un rapport avec l'autre. Maintenant j'ai compris ça. Et la Balance, c'est l'Equilibre. Je ne pouvais pas la créer avant. Je n'ai pas eu besoin de forcer, c'est venu naturellement."
Namie arriva, ses verres fumés sur les yeux.
"Namie ! Fais attention ! Tes yeux sont encore fragiles. Tu n'es
pas habituée..."
"Ca ira. Je rentrerais si ça fait trop mal."
Namie avait subi une intervention médicale pour réparer ses nerfs optiques. C'était une nouvelle opération, presque expérimentale, mais la Fondation avait largement les moyens de la tenter. Mais seul le Cosmos d'Athéna avait pu réveiller les fonctions qui dormaient en elle, et lui permettre de retrouver l'usage de ses yeux. Elle avait cru devenir folle en voyant pour la première fois un point lumineux au loin. Mais elle s'habituait vite. Elle supportait maintenant les lumières douces, et décelait des formes proches. Sa vue ne serait jamais parfaite, mais avec le temps, elle verrait mieux.
"Tu comptes créer bientôt le Bélier ?"
"J'ai demandé à Athéna. Elle juge mon travail
satisfaisant. Je vais pouvoir créer l'armure."
"Je ne comprends pas. Tu as besoin de son autorisation ? "
"C'est mon épreuve. Je dois créer l'armure que je
vais porter. Je dois la créer devant vous, devant tous les chevaliers.
Si je réussis, je serais sacré chevalier. Je n'ai pas droit
à l'erreur."
"Tu réussiras." Seiya était confiant. Kiki était un homme, maintenant. Il avait attendu longtemps, mais désormais il pouvait être fier, il allait enfin devenir chevalier.
Kiki intensifia son cosmos, prit ses outils, et donna un coup de marteau sur le bloc d'orichalque. Le but n'était pas de sculpter le métal, mais à chaque choc, d'y faire pénétrer son cosmos, la Valeur et la Constellation. Les autres éléments devaient être rajoutés à la fin, une fois la forme donnée.
Tous regardaient ce spectacle, si rare. Kiki était le troisième chevalier du Bélier à forger lui-même son armure, depuis les temps mythologiques. La plupart du temps, le chevalier du Bélier héritait son armure de son maître, après une épreuve "classique" de force ou d'intelligence. Mais Kiki devait subir le grand test.
Kiki et l'armure émettaient tous les deux un cosmos. Le même. Il vibrait, rayonnait dans tout le colisée. Kiki déployait toute son énergie, remplissait son armure de sa force. Imperceptiblement, sous ses mains, l'armure prenait forme, laissant apparaître, au sein de l'aura dorée, une patte, une corne.
Kiki termina avec la Pierre, puis insuffla la vie à l'armure. Cela faisait une heure qu'il avait commencé. Il jeta un coup d'oeil vers Athéna, la vit qui regardait avec intérêt. Sa fille Hélène était à ses cotés. Un jour elle dirigerait le Sanctuaire, car elle possédait le même esprit que sa mère. Comme si Athéna s'était dupliquée, donnant deux entités identiques par leur âme, mais aux existences séparées. Jabu se tenait derrière elles, revêtu de son armure neuve du Capricorne. Tous les chevaliers qui avaient été confirmés étaient en armure, et semblaient prêts à l'accueillir parmi eux.
Kiki relâcha son cosmos, et regarda l'armure qui continuait de briller. Elle avait une vie propre, à présent. Il avait réussi.
"Le Sanctuaire possède désormais un nouveau Bélier." La voix d'Athéna portait dans tout le Colisée. Elle annonçait selon la formule rituelle que Kiki était accepté dans l'Ordre.
Kiki revêtit son armure et vint s'agenouiller aux pieds d'Athéna pour prêter serment.
Puis il se releva, serra les mains des autres chevaliers d'or et des chevaliers divins, et arriva enfin face à Namie.
"J'ai réussi."
"Oui. Tu as atteint ton but. Tu peux désormais remplir ta
promesse."
"En effet. Veux-tu m'épouser ?"
"Avec joie !" Namie se jeta à son cou.
Fin de "Kiki"
Prochain chapitre : "Hyoga et Naty"