"Saint Seiya in Love : Jabu"
Chapitre 1 : "Pas de Chance"
Saori tourna la tête vers la porte et s'empourpra. Une partie de l'esprit de Jabu se demandait "quelqu'un est entré ?" mais tout le reste de son être lui disait "on s'en fout ! Encore un peu...". Jabu ignora donc la porte et continua ses mouvements, tentant de s'enfoncer encore plus avant dans le corps de Saori, sentant que l'explosion était maintenant proche. Encore un petit effort...
Cette fois, c’était la bonne !
Mais Saori se redressa sur le bureau et le repoussa, le forçant à se retirer.
"Mais Saori, pourquoi ?"
Jabu savait fort bien qu'on les avait vus, mais son cerveau tout entier refusait de voir autre chose que le fait suivant : il était en train de faire l'amour à Saori et on l'avait empêché de finir.
Il se tenait là, debout, son pantalon noir tombé sur les pieds, le membre turgescent prêt à exploser, incapable de faire autre chose que de regarder Saori remettre précipitamment de l'ordre dans ses vêtements avant de sortir en lui criant "je reviens !"
A peine Saori fut-elle sortie que Jabu explosa, se répandant sur le bureau vide.
Encore une fois...
Jabu rejoignit Saori près de Seiya, tandis qu'ils parlaient. Il décida de ne rien montrer de son inimitié envers le Héros, pour ne pas mécontenter Saori, et prit l'air penaud de celui qui a été vu dans une mauvaise position.
"Seiya ! Tu... tu diras rien au moins ? Pour l’instant, personne
ne le sait alors..."
"T’en fais pas. Athéna m’a demandé de ne rien dire,
et j’obéis toujours aux ordres de ma déesse. Après
tout, ne suis-je pas chevalier d’Athéna ? "
Seiya éclata de rire, et Saori répondit à cet éclat, posant affectueusement sa main sur le bras de Seiya. Jabu sentait bien que Saori avait encore des sentiments pour Seiya, et cela le mettait en boule.
Même après ce qu'il lui avait fait, elle l'aimait.
Lorsqu'il avait trouvé Saori deux semaines plus tôt, seule dans les jardins, elle pleurait toutes les larmes de son corps. Jabu l'avait réconfortée, et petit à petit, elle s’était montrée moins distante avec lui qu'elle ne l'avait été avant. Jabu avait alors déclaré ses sentiments, qu’il avait depuis toujours gardé inavoués, et Saori en avait paru surprise. Elle ne l'avait jamais vraiment considéré comme un homme.
Un soir elle s’était confiée à lui, lui avait dit que Seiya l'avait violée. Jabu avait été fou de rage, et il avait fallu l'ordre d'Athéna pour qu'il ne parte pas à la poursuite de Seiya. L'ordre d'Athéna, et toute la tendresse de Saori. Ce soir-là, elle lui avait offert ses lèvres, pour un romantique baiser, et il abandonna ses idées de vengeance.
Jabu se demandait comment Saori, moins d'un mois après son viol, avait pu se donner à lui. Il soupçonnait que même si Athéna avait été violée, Saori était, elle, consentante. Et l'humain prenant le pas sur le divin, Saori retrouvait l'envie de profiter de la chair. Jabu s’était dit que jamais il ne percerait ce secret, mais qu'il aurait été bien bête de ne pas en profiter. Enfin, après tant d’années, il pouvait être avec celle qu'il avait toujours aimée.
Le seul problème dans cette histoire, c'est qu'ils n'arrivaient jamais à faire l'amour.
Trois fois déjà, ils avaient été dérangés dans leur intimité. La première fois par Ban, qui avait entendu des cris, mais qui heureusement, avait eu la délicatesse de frapper à la porte avant d'entrer, leur laissant le temps de remettre de l'ordre dans leur tenue.
La deuxième fois, un garde était venu frapper à la porte de Saori, tandis qu'ils en étaient encore aux préliminaires, et elle avait du s'absenter. Et enfin, cette fois-ci, Seiya était carrément entré dans le bureau, les voyant en pleine action, alors que Jabu pensait cette fois arriver à la conclusion.
Trois fois tenté, trois fois échoué. Rageant.
Seiya retourna vers la fête, et Saori tendit sa main à Jabu, l'invitant à la suivre. Jabu obtempéra, sa demandant quand ils auraient à nouveau l'occasion d’être seuls. Pas avant longtemps sans doute, Saori était toujours très occupée.
La quatrième serait la bonne.
"Saori ? Tu es occupée ?"
Jabu prenait toujours soin de vérifier que Saori n’était pas en plein travail quand il entrait dans son bureau. Elle était devant un tas de papiers, un stylo à la main, mais avait l'air rêveur.
"Hein ? Non, entre, Jabu."
Il ferma la porte à clef derrière lui, vint près d'elle et déposa un baiser sur sa joue. Elle lui sourit, et posa son stylo.
"Dis-moi, Jabu. Ne crois-tu pas qu'on devrait le dire ?"
"Dire quoi ?"
Jabu caressait sa joue, descendait du bout du doigt jusqu'à son menton. Elle était si belle...
"Que nous sommes ensemble. Ca fait déjà plus d'un mois,
et on fait tout ce qu'on peut pour éviter d’être vus. Je n'aime
pas mentir ainsi à tous."
"Pour éviter d’être vus en train de faire quoi ? On
a jamais réussi à être tranquille."
Jabu massait les épaules de Saori, se tenant derrière elle. Le décolleté plongeant ravivait son désir. Son pantalon se gonflait. Cette fois, la porte était fermée, ils pouvaient réussir à...
"Mais tout le monde se doute que nous sommes ensemble, maintenant, et ils attendent tous que nous l'annoncions officiellement. Ils n'osent même plus me regarder en face. Je n'aime pas ça, c'est une situation très inconfortable."
Jabu se pencha vers elle, déposant un baiser sur ses lèvres.
"Par contre ce fauteuil me semble très confortable. Tu crois qu'on pourrait..."
Saori le repoussa violemment.
"Assez, Jabu ! Tu penses qu'à ça ma parole ! Si tu as honte d’être le petit ami d'Athéna, tu n'as qu'à le dire. Mais je ne veux pas d'une situation ambiguë. Maintenant laisse-moi, j'ai du travail."
Saori reprit son stylo, ne lui jetant même pas un regard. Jabu sortit, puis s'adossa au mur près de la porte.
Encore raté.
"Jabu, je peux te parler une minu... Oh !"
Mais pourquoi ne frappait-elle pas à sa porte, comme tout le monde ? Saori devint écarlate en découvrant Jabu, allongé sur son lit, qui secouait frénétiquement de sa main droite sa virilité, tout en tenant une photo de Saori devant lui.
Il fut si surpris en la voyant qu'il ne put se contenir et macula les draps.
"Ja... Jabu ! Mais t'es vraiment un obsédé sexuel !"
Saori quitta la chambre en claquant la porte.
"MerdemerdemerdemerdeMERDE !!"
Jabu reboutonna rapidement son pantalon, puis courut à sa poursuite.
Saori avait vraiment l'air furieux.
"Saori, écoute..."
"Je n'ai rien à te dire."
"Tout à l'heure tu voulais me parler."
"C'est fini. Tu te rends compte à quel point tu es ridicule
?"
"Mais... Mais c'est pas ma faute !"
Saori s’arrêta pour le regarder en face.
"Pas ta faute ? Tu vas peut être me dire que c'est ton machin qui t'a demandé de le secouer ?"
"Bin, en quelque sorte, oui ! Tu n'as pas l'air d'avoir des problèmes hormonaux, toi. Mais moi, j'en ai. Tu peux pas imaginer mes fantasmes. Alors oui, je pense qu'au sexe ! Je te veux, je veux te faire l'amour, tout le temps, partout. Tu obsèdes mes pensées, je te vois partout, je ne pense qu'à toi, et ça me fait bander. Toi, je sais pas, mais moi, je commence à en avoir marre de cette situation débile, où on est toujours dérangés au moment de baiser. Je voudrais que pour une fois, on soit seuls tous les deux. Saori tu m’écoutes ?"
Saori ne regardait plus Jabu, mais quelque chose derrière lui. En se retournant, Jabu vit le visage d'une demi-douzaine de gardes qui regardaient - et écoutaient - depuis une porte entrebâillée. Jabu réalisa alors qu'il s’était mis à crier devant la porte de la salle de garde.
"Je... Saori..."
"Jabu " dit-elle d'une voix douce "c'est très embarrassant
de te dire ça devant du monde, mais..." et sa voix redevint agressive
"fous-moi la paix ! Je ne veux plus te voir !"
Saori se mit à courir dans le couloir, manifestement tentant de masquer ses larmes. Les visages étaient hilares à la porte.
"Qu'est ce que vous écoutez, vous autres !" Tous disparurent, mais c’était déjà trop tard.
Le lendemain, tout le monde au Sanctuaire savait tout de la vie sexuelle de Jabu le chevalier de la Licorne.
"Quoi ?"
Seiya réagit immédiatement lorsqu'il sentit le cosmos de Jabu fondre sur lui. Il évita le coup et projeta Jabu au sol. Celui-ci avait l'air enragé.
"Jabu, mais que fais-tu ?"
"Je vais te tueeer, Seiya !"
Miho se réveilla, et ramena les draps vers elle.
"Seiya ? Mais que se passe-t-il ?"
Miho n'en croyait pas ses yeux. Seiya était nu, et maintenait Jabu au sol. Celui-ci avait des yeux hagards. Voyant qu'aucun ne prenait l'avantage, Miho se leva, attrapa une casserole en fonte, et en donna un violent coup sur la tête de Jabu, dans un grand mouvement digne des meilleurs golfeurs. Jabu cessa immédiatement toute résistance et perdit conscience.
"Eh Miho, du calme, tu as failli le tuer !"
"Jabu ? Réveille-toi, mon vieux."
Jabu reprit conscience et vit Seiya en face de lui. Il voulut lui sauter à la gorge mais s’aperçut que tout mouvement lui était interdit. Il était ligoté à une chaise.
"Seiya, libère moi et viens te battre !"
"Pas avant que tu ne m'aie dit pourquoi tu es si furieux contre
moi. Que t'ai-je donc fait ?"
"A cause de toi, ma vie est un enfer ! Saori me déteste,
tout le Sanctuaire se fout de moi, je passe pour un crétin et un
maniaque sexuel ! Libère-moi !"
Seiya regarda Miho interrogativement.
"Mais qu'est ce que tu racontes ? Je t'ai rien fait, moi !"
"Si ! Tu m'as pris Saori !"
Miho tiqua. "Seiya..." Sa voix était plus sourde que d'habitude.
"Eh là une minute, Miho ! Je sais pas ce qu'il raconte ! J'ai rien fait avec Saori, je te le jure ! Enfin, pas depuis que je suis avec toi."
"Mais elle pense à toi ! Elle refuse de coucher avec moi, je suis sur qu'elle t'aime encore. Depuis que vous n’êtes plus fâchés tous les deux, j'ai perdu Saori !"
Seiya poussa un soupir.
"Ah c'est ça ! Jabu, je crois que tu te fais des idées. Et tu devrais savoir que je ne cours plus après Saori. Je ne suis plus ton 'rival', maintenant, tu dois te débrouiller tout seul avec elle."
Jabu parut se calmer. Il baissa les yeux.
"Je... je sais que tu n'y es pour rien... Mais Saori... Saori ne
me voit même pas."
"Ce n'est pourtant pas ce qu'il m'avait semblé ce jour-là,
quand je vous ai trouvés dans le bureau du Pope..."
"Mais depuis, c'est le néant. Rien. Elle me déteste,
maintenant, je l'ai humiliée. Nous sommes un sujet de moqueries.
Surtout moi."
Miho prit la parole.
"Jabu... Si tu as des problèmes avec Saori, ce n'est pas en t’attaquant aux autres que tu les régleras. Tu dois te débrouiller avec elle."
"Je sais..." Sa voix n’était plus qu'un souffle, Jabu retenait ses larmes.
"Ne pleure pas, Jabu, on va quand même pas te laisser tomber."
"Seiya..." Jabu releva son visage, inondé de larmes, vers son ami. "Tu peux me détacher ? J'arrive plus à respirer..."
"Seigneur, quel bazar !"
En voyant l'antre où Jabu dormait, Miho n'avait pu retenir un cri. Mais le mot était bien choisi. La petite maison où Jabu s’était réfugié était celle où il avait vécu avec son maître, en Algérie. Et s’étalait là un amoncellement d'objets de toutes sortes qui faisait ressembler cette petite pièce à l’étal d'un brocanteur du Souk.
Jabu, au milieu d'une foule d’objets inutiles, souriait timidement.
"Bienvenue à vous deux ! Que me vaut votre visite ?"
Seiya tendit un carton d’invitation à Jabu.
"Nous avons reçu ça. Je pense que ça peut t’intéresser."
"Un bal ? Et alors ?"
"Donné par ma sœur et Julian pour fêter le premier
anniversaire de mon neveu Nérée. Tu devrais venir, il y aura
Saori."
"Saori ?" Son regard s'alluma, puis redevint terne. "Ca fait des
mois que je l'ai pas vue. Elle doit m'avoir oublié, maintenant."
"Elle est toujours célibataire, si ça t’intéresse."
"Pff ! De toutes façons, je sais pas danser."
Seiya lança un regard vers Miho, qui tendit un autre carton vers Jabu : "Donne cours de danse classique ou moderne, tous styles : tango, be bop, macarena, etc."
"Et c'est Erii ? Celle de l'orphelinat ?"
"Oui, c'est bien elle. Elle a toujours aimé la danse. Et
elle débute comme professeur. Elle te fera un prix."
"Mais... je sais pas si j'ai envie d'y aller."
"Miho et moi y allons, après tout c'est mon neveu. Si tu
veux me voir danser, c'est l'occasion."
"Tu va être ridicule."
"Je n'en suis pas sûr. Alors ?"
Jabu parut réfléchir un instant, mais sa décision était déjà prise. Il voulait revoir Saori, même de loin.
"Oui, je vais venir. Pour te voir te répandre par terre, ça
vaut le coup."
"Parfait. Tu n'as plus qu'à te trouver un smoking. A bientôt
!"
Un smoking ? Parce qu'en plus il faudrait être en smoking ?
"Ton pas, Jabu, ton pas !"
Erii n’arrêtait pas d'engueuler le pauvre chevalier pour ses maladresses. La jeune fille, dès qu'elle tenait son rôle de professeur, oubliait sa timidité et pouvait se montrer très exigeante. Jabu l'apprenait à ses dépens.
Il resta cloué sur place, et refusa de bouger.
"Ah non ! Ca suffit maintenant ! J'en ai assez !"
Il partit en direction de la sortie.
"Jabu ! Reviens ici de suite ! Tu vas apprendre à danser oui
ou non ?"
"Non ! " cria-t-il par dessus son épaule.
"Si." dit une voix douce et féminine en face de lui.
"Miho ? Mais que fais-tu...?"
"Je suis venue voir les progrès d'un élève.
J’espère qu'il se révèle être doué. Erii
?"
"Eh bien, justement, je veux t'en parler. Il est nul, nul, nul !
Il met une telle mauvaise volonté..."
"Oh ! Ca va les filles ! C'est bon ! Je reprends. Mais s'il te plaît,
on arrête la valse. Je n'y arriverai jamais. Je m’emmêle les
pieds chaque fois."
Miho chuchota quelques mots à Erii, puis tira Jabu au centre de la pièce.
"Bien. Jabu, on va essayer un tango."
"Quoi !? Mais c'est très compliqué, ça !"
Erii mettait une nouvelle cassette.
"En apparence, seulement. Pour bien te montrer, c'est moi qui vais conduire. Laisses-toi faire, et tu comprendras."
"En avant la musique !" dit Erii, appuyant sur la bouton ‘lecture’.
Deux heures plus tard, Seiya entra dans la pièce, et découvrit Jabu, penché en arrière, soutenu par Miho qui tenait son visage à quelques millimètres de celui de son partenaire. Jabu était rouge comme une tulipe, et Miho, qui jouait sérieusement son rôle, lui jetait un regard macho et possessif comme jamais Seiya ne l'avait vu faire.
Seiya applaudit des deux mains en rigolant.
Enfin le grand bal fut donné. Julian Solo était si fier de son fils qu'il avait fait les choses en grand, et avait invité de très nombreuses personnes, juste pour leur montrer son héritier.
Nulle trace de l'accident ne subsistait aujourd'hui, et peu nombreux étaient ceux qui savaient que Julian Solo avait échappé à la mort dans un accident de voiture. Ce soir-là, au bras de son épouse Seika, il était la joie et la fierté incarnées.
Jabu se téléporta dans le périmètre du manoir réservé à cet effet. C’était une idée de Ikki, qui n’appréciait pas d’être vu apparaissant et disparaissant devant tous, et qui avait demandé à ce que certaines zones près du manoir Solo ou de la Fondation Graad soient réservées aux chevaliers, qui pourraient se téléporter à loisir sans éveiller l'attention.
Jabu tira un peu sur son costume, essayant de l'ajuster. Il ne se sentait pas à l'aise, le smoking lui donnait un air trop solennel. Il rejoignit le manoir près de l’entrée principale et vit un couple qui s’avançait vers lui.
Il réalisa soudain que c’était Seiya et Miho. Incroyable ! Il ne les avait pas reconnu tout d'abord. Seiya portait admirablement la tenue de soirée, et Miho avait l'air d'une reine dans sa grande robe de mousseline blanche.
"Merde alors ! Vous êtes vachement beaux comme ça tous les deux." Jabu n'en revenait pas. Miho étouffa un petit rire.
"Jabu, voyons..." Seiya maîtrisait lui aussi son hilarité.
"Essaie de faire attention à ce que tu dis... Ou tu vas passer pour
un bouseux. Encore qu'il y ait peu de japonais dans cette foule de richards,
mais on ne sait jamais."
"Tu as raison, Seiya. Je vais faire attention. Mais c'est fou comme
vous avez l'air à l'aise dans ce beau monde, tous les deux."
Miho sourit. "Des mois d’entraînement..."
"Chut !" fit Seiya, hilare. "Allez, courage, entrons dans la fosse aux lions" dit-il avec une grimace.
Jabu entra dans le grand hall, suivant ses amis. Il feignit de ne pas être impressionné par le luxe qui l'entourait, mais il se sentait tout de même mal à l'aise. Saori ne faisait pas un tel étalage au manoir Graad. Sans doute était-ce une pudeur japonaise ?
Seiya et Miho vinrent saluer Julian et Seika. Ils discutèrent un moment avec eux, et Jabu resta à l’écart, se demandant s'il devait les déranger ou pas. Il prit une coupe de champagne et fit mine de s'ennuyer, condescendant. Puis Seiya et Miho revinrent vers lui.
"Tu viens avec nous ? Je voudrais te présenter quelqu'un."
"Oui ?"
Mais Seiya n'en dit pas plus, et l'invita à le suivre vers un groupe de personnes, vers le milieu de la grande salle. Apparemment, la personne au centre du groupe était l'objet de multiples attentions.
A leur approche, le groupe s’écarta, révélant une superbe femme, moulée dans une robe bleue. Saori.
Jabu ne pouvait détacher les yeux d'elle. Elle était plus belle encore qu'auparavant. Plus provocante, aussi, par cette robe qui contrastait avec ses traditionnelles et impersonnelles toilettes blanches. Elle se tenait, droite et arrogante, en face de lui, apparemment surprise aussi de le revoir là. Il se sentit ridicule.
"Saori" fit Seiya "voici le 'charmant garçon' dont je t'avais assuré de la présence."
Jabu réalisa. Un coup monté ! Seiya et Miho s’étaient débrouillés pour que Saori et lui se retrouvent ici, devant cette foule ! Ils s’étaient bien moqués d'eux. Mais Saori ne réagirait pas comme lui, il le savait.
"Seiya, tu te moques de moi ?" Le ton de Saori était amusé. "Tu avais dit 'un homme du monde'."
Seiya lança un regard vers Jabu. Il semblait dire "Maintenant !" Jabu s’avança vers la jeune femme.
"Saori... M'accordez-vous cette danse ?" Il s'inclina légèrement devant elle.
Il l'avait vouvoyée sans s'en apercevoir. Elle en fut surprise, et charmée.
"Oui..." fut sa seule réponse.
Jabu se rapprocha d'elle. Si le plan de Seiya était bon, alors il devait s’être arrangé pour que commence maintenant un tango, et il ferait la démonstration de ce qu'il savait faire. C’était la seule danse qu'il maîtrisait, mais il la dansait à la perfection, maintenant.
Jabu attendit quelques instants, et les violons se mirent en route.
Les violons ??
Jabu vit Seiya partir en courant, réalisant que l'ordre des morceaux avait été changé, et un vent de panique le traversa. C’était une valse !!
Saori lui tendit la main, et Jabu ne put faire autrement que de l'accepter. C’était trop tard, le morceau était commencé, et rien ne pouvait l’arrêter. Jabu vit avec consternation la foule s’éloigner, les laissant tous deux au centre de la pièce, sur le dallage de marbre noir et blanc. Les premiers pas étaient les plus faciles, tandis que le morceau commençait, il connaissait bien le début. Mais il n'avait jamais réussi à suivre le pas lors des accélérations, et il allait entraîner Saori dans sa chute, c’était couru d'avance.
Jabu était si concentré qu'il obligea Saori à répéter ce qu'elle disait.
"Jabu, tu m’écoutes ?"
"Oh ! Désolé."
"Tu danses merveilleusement bien. Je suis étonnée.
Et ravie."
"Merci. Mais c'est pas facile."
Trois quatre. Attention aux pieds.
"Je ne pensais pas que tu savais danser. Je te prenais pour un rustre."
Jabu avait peine à suivre. Saori semblait à l'aise, dansant et parlant en même temps. Pour lui c’était impossible. Il sourit simplement.
Aie ! Il marcha sur le pied de Saori mais rétablit l’équilibre en un instant, en déplaçant son pied à la vitesse de la lumière.
"Jabu ? Tu ... as des problèmes ?"
"Oui..." chuchota-t-il. "Je ne sais pas danser la valse."
"Tu te débrouilles bien, pourtant."
"Je... J'ai besoin de penser aux pas..."
Jabu venait de faire un deuxième faux pas. Il ne pourrait pas toujours tout rattraper.
"Oh... Alors laisse moi conduire. Je saurais être discrète."
Jabu ralentit imperceptiblement, et Saori prit le relais, donnant l'impulsion qui dirigeait les mouvements. Jabu poussa un soupir intérieur. C’était beaucoup plus facile, maintenant. Mais plus frustrant, aussi. Elle dirigeait tout à nouveau. Serait-il capable, un jour, de lui imposer sa volonté ?
Enfin le morceau se termina, et Jabu vit Seiya qui applaudissait, et Miho qui le regardait avec fierté. "Ouf !" se dit-il, "finalement ça s'est bien passé."
Jabu s’avança vers le couple, Saori à son bras. Le plan de Seiya avait marché, il avait retrouvé Saori !
Tout à sa joie, Jabu ne remarqua pas la traîne de la robe d'une femme qui passa devant lui. Il marcha sur la traîne, se prit les pieds dedans et perdit l’équilibre. Il voulut se rétablir rapidement mais Saori était entraînée dans sa chute. Il donna une impulsion, rattrapa Saori, et retrouva l’équilibre, tenant la jeune femme contre lui. Le regard de Saori était admiratif. Jabu recula d’un pas, se débarrassant de la traîne emmêlée à ses pieds.
Et ils renversa un serveur et son plateau de coupes de champagne.
Chapitre 2 : "La belle Hélène"
Jabu regardait Seiya et Miho danser. Ils étaient impressionnants de coordination. Jabu n’était certes pas un bon danseur, mais il savait évaluer ses adversaires, et en l’occurrence cette capacité d'analyse lui montrait à quel point le couple était accordé. Seiya avait bien trouvé celle qu'il lui fallait.
Jabu jeta un regard sur le coté, et vit Saori près de Seika et Julian. Comment arrivait-elle à être aussi élégante dans une robe qui n’était pas la sienne ? Quand des serviteurs les avaient emmenés dans des chambres pour leur prêter des vêtements secs afin de remplacer les leurs, tachés de champagne, il s’était retrouvé avec un costume de rechange appartenant sans doute à Julian. Et le costume était trop grand pour lui. Par contre la robe de soirée noire de Seika allait très bien à Saori.
Jabu s'en voulait terriblement. Il avait mis Saori dans une situation extrêmement embarrassante, et il surprenait encore des regards malicieux et de petits rires moqueurs autour de lui. Heureusement, tout n’était pas sa faute. Il y avait l'horrible robe de cette grosse femme, qui les avait jetés au sol. Mais Saori le boudait depuis cet incident.
Jabu reporta son attention sur Seiya. Il dansait vraiment admirablement. Avait-il lui aussi suivi des cours avec Erii ? Nul doute que Miho avait entraîné Seiya pour cette occasion, mais plus que la technique, c’était l'aisance de Seiya que Jabu admirait. Il ne se souciait pas le moins du monde de la foule autour d'eux, qui les regardait, attendant un faux pas pour rire d'eux comme ils avaient ri de lui et Saori. Miho rayonnait, au bras de Seiya. Jamais encore il n'avait vu un tel sourire, une telle confiance sur le visage de Saori. Miho respirait la joie de vivre. Elle dansait sans regarder autour d'elle, son regard rivé dans celui de Seiya. Leur complicité était étonnante, pour un couple si récemment formé.
Récemment ? Non, car Seiya avait toujours aimé Miho, même si à un moment, il avait été attiré par Saori. Maintenant, Miho avait quitté son apparence de petite fille sage, et était devenue une véritable jeune femme. Elle avait démontré à Seiya que Saori n’était pas la seule à être attirante, elle s’était accrochée et avait récupéré Seiya, lui avait pardonné ce qu'il avait fait à Saori, et à elle. Elle n'avait pas abandonné, elle. Jabu se sentit honteux. Il était prêt à laisser partir la femme qu'il aimait par manque de courage, et le couple dansant lui montrait qu'en amour, comme au combat, il ne fallait jamais perdre espoir.
Jabu décida qu'il devrait parler avec Saori, avant la fin de la soirée.
"Merci, Seika, cette soirée était merveilleuse."
Miho embrassa celle qui serait sans doute bientôt sa belle-sœur, tandis que Seiya serrait la main de Julian. Il ne restait plus qu'eux, Saori et Jabu dans cette grande salle de bal. Les musiciens allaient bientôt ranger leurs instruments, et quitter le bal.
Jabu n'avait pas trouvé le courage de parler à Saori.
"C’était très bien, merci à vous deux." Jabu serra la main de Julian, puis embrassa Seika. Il conservait un sourire forcé, voulant leur montrer qu'il avait apprécié la soirée, même si ce n’était pas vrai.
Jabu se demanda pourquoi Julian le regardait si étrangement.
Saori vint à son tour saluer ses hôtes, mais là aussi, elle reçut cet étrange regard.
"Je... pourquoi me regardez-vous ainsi ? " demanda la jeune femme, fixant Seiya et Miho qui s'approchaient, tout sourire.
"D’après toi, Saori ?" répondit Seika. "D’après toi, pourquoi les musiciens sont-ils restés ? Il reste un morceau à jouer."
Jabu comprit. Non, ils ne voulaient quand même pas les forcer à nouveau à danser ?
"Je... je suis fatiguée... je ne pense pas pouvoir..." commença
Saori.
"Pas d'excuse. Tu n'as plus dansé de la soirée depuis
cet incident. Et ce n’était pas la faute de Jabu si vous êtes
tombés. Tu lui dois une seconde chance."
Saori jeta un regard vers Jabu.
"Non, désolée. Je ne vois pas pourquoi je danserais à nouveau avec lui. J'ai dû l'aider la première fois, et je ne pense pas que ce serait lui rendre service que de le rendre encore plus ridicule."
Le sang de Jabu ne fit qu'un tour. Il s’avança vers Saori, contenant sa rage.
"Saori ! Julian et Seika nous demandent de danser. Nous devons contenter nos hôtes. Et tu vas voir si je suis ridicule."
Jabu prit le poignet de Saori et la tira vers le centre de la pièce. Il jeta un regard aux musiciens et ceux ci donnèrent les premières notes. Jabu plaqua le corps de Saori contre lui, et le tango commença.
Saori était si surprise qu'elle ne pouvait dire mot. Jabu dansait ce tango de façon si virile, la tenant si fort contre lui, qu'elle n'osait pas se dégager de son étreinte. Malgré elle, elle finit par apprécier cette danse, et elle entra dans son jeu, se laissant mener par ce danseur si autoritaire.
Jabu ne réfléchissait pas. Il avait tellement travaillé le tango qu'il n'avait pas à penser aux pas. Seule comptait Saori, qu'il tenait dans ses bras, et la musique. C’était à lui de suivre cette dernière, et Saori ne résistait pas, se laissant guider, soumise, pour une fois, à sa volonté. Les mouvements de Jabu semblaient brusques, mais ils étaient parfaitement maîtrisés, et Saori ressentait à chaque pas la force de son cavalier, qui la poussait, ou la tirait, la renversait ou la soutenait, mais sans jamais la brusquer. Il dansait fermement, mais non brutalement.
Enfin le morceau se termina et Jabu renversa Saori, la soutenant par le dos, arrêtant son visage à quelques millimètres de celui de la jeune femme. Ce ne fut qu'à ce moment qu'il réalisa le regard qu'elle lui retournait. Il était admiratif, mais non de la même façon que plus tôt dans la soirée quand il l'avait rattrapée alors qu'elle tombait avec lui. Cette fois, c’était un mélange de surprise, et de soumission. Pour la première fois, elle acceptait son autorité.
Sans réfléchir, Jabu se rapprocha davantage et posa ses lèvres sur les siennes. Au loin, deux couples applaudissaient.
"Alors Jabu, comment ça se passe ?"
Jabu se tourna vers Seiya et celui-ci eut un hoquet de surprise. Jabu avait les traits tirés, et deux grosses valises sous les yeux, témoignant de son état de fatigue extrême.
"Par les quatre Dieux ! Jabu qu'est ce qui t'arrive ?"
"Hein ? Oh, ça c'est pas grave. Tu connais Saori, c'est une
boule de nerfs quand elle s'y met. Et en ce moment c'est pire."
"Je sais, je l'ai vue hier, elle est rentrée dans mon bureau
en hurlant. Mais elle te met dans un état pas possible..."
"Si c'est le prix à payer..."
"Quand même, tu as l'air d'un zombie. Elle te torture la nuit
ou quoi ?"
"Elle râle tout le temps, m’empêche de dormir, me réveille
quand j'y arrive, m’engueule le reste du temps. Vivement que tout soit
fini."
"Je comprends, vu ta tête."
Seiya s'approcha de son ami. Il paraissait soucieux.
"Jabu, promets-moi que tu prendras du repos, des que le bébé
sera né. Je peux t'assurer qu'un gamin, c'est épuisant. Maintenant,
ça va mieux, mais j'ai eu du mal moi aussi au début. Et toi,
t'es déjà crevé avant que ça commence."
"Je sais. Mais pour le moment, c'est pas le bébé qui
m’épuise, c'est sa mère. Saori est devenu complètement
dingue depuis qu'elle est enceinte, et je redoute l'accouchement."
Jabu partit d'un grand sourire.
"Mais à part ça, je suis l'homme le plus heureux du monde ! Je vais enfin être papa !!"
Seiya lui donna une claque dans le dos.
"Garde la forme, Jabu ! Tu en auras besoin. Et profite de chaque instant avec Saori, car elle en aura besoin aussi. Quant à l'homme le plus heureux du monde, désolé mais c'est moi !"
Jabu et Seiya commencèrent à se chamailler.
"Dis papa, comment on fait les bébés ?"
Evidemment, il fallait qu'elle pose la question. Hélène était maintenant âgée de quatre ans, et elle était curieuse de tout. Tous les jours elle harcelait ses parents pour avoir des réponses à ses questions. Et Jabu, à chaque fois, tombait dans le piège des yeux de la petite fille, se laissait attendrir, et finissait par accomplir le moindre de ses caprices.
Mais cette fois, la question était plus délicate.
"Euh... Voyons... Comment dire..."
"Tu sais pas ? Moi je sais-heu !"
"Ah bon ? Qui c'est qui te l'a dit ?"
"C'est Tonton Na-shi."
Nachi ? Mais qu’était-il allé raconter à une gamine de quatre ans ? Il était vraiment nul avec les gosses. D'ailleurs il plaignait son fils, qui aurait sans doute la plus mauvaise éducation des enfants du Sanctuaire.
"Et qu'est ce qu'il t'a raconté ?" demanda anxieusement Jabu,
tentant de paraître enjoué mais redoutant la réponse.
"Que le papa, i’ met sa graine dans le ventre de la maman avec sa
grooosse qu.."
"Stop ! " Jabu se passa la main sur le visage. "Je vais le tuer."
pensa-t-il. Puis à l'adresse d’Hélène :
"Ecoute, ce que t'a raconté Nachi, tu ne dois pas le répéter,
d'accord ? Il t'a dit des salades, et tu dois pas le croire. Quand tu seras
plus grande, je te raconterai vraiment comment on fait les bébés."
"Pourquoi pas maintenant ?" La petite fille prit un air boudeur.
"Parce que tu comprendrais pas tout. Quand tu seras plus grande,
tu comprendras mieux."
"Non !" Elle trépignait. "Je veux savoir. Dis-moi !"
Jabu commençait à perdre patience.
"Une autre fois ! Oublie ça pour le moment, on verra demain."
La petite fille se mit à pleurer et s'enfuit dans le couloir.
"Ouin ! Maman ! Papa i’ veut pas me raconter !"
Et voila. Ca allait encore lui retomber dessus.
"Jabu ?"
"Oui Saori ?"
Jabu se pencha sur le visage de sa femme, et y déposa un baiser. Il aimait cet instant où ils se retrouvaient seuls tous les deux. C’était si rare. Entre leurs tâches respectives, et leur fille remuante, ils avaient peu de temps pour eux.
"Jabu, qu'est ce que c'est que cette histoire avec Hélène. Tu n'as pas voulu lui raconter comment on faisait les bébés."
Jabu soupira, et s'assit dans le lit. Saori se redressa, elle aussi, ajustant le coussin dans son dos.
"Elle m'a posé la question de but en blanc, et pendant que
j’hésitais, elle m'a répété ce que lui a dit
Nachi. Et crois-moi, ce n’étaient pas des propos pour une petite
fille."
"Encore Nachi ? Décidément, il collectionne les gaffes."
"Comme je savais pas trop quoi faire, j'ai voulu éviter la
question. Désolé, Saori."
"Ce n'est pas grave. J'en parlerai demain avec elle." Puis devant
l'air surpris de Jabu : "Sur un ton très romantique, et adapté
aux petites filles, rassure-toi. Je ne vais pas entrer dans des considérations
purement... mécaniques."
Jabu sourit, puis se rapprocha d'elle, posant une main sur sa poitrine, sentant que déjà la chair de Saori réagissait à ce contact.
"A propos de mécanique... que dirais-tu si j'avais envie de faire reluire mon piston ? Tu veux m'aider à le lubrifier ?" Jabu mordillait son oreille, tout en continuant de jouer de ses doigts sur la peau satinée.
"Oh Jabu..." Saori jouait la pruderie, mais le désir était de nouveau là, en elle, tenaillant son ventre. Ils s’embrassèrent passionnément, et Jabu renversa Saori sur le lit, s'allongeant sur elle.
"Papa ! Maman ! j'ai fait un cauchemaaaar !" fit la petite fille au pas de la porte.
Jabu étouffa un soupir.
"Je vous déclare mari et femme."
Aux mots du prêtre, Jabu ne put retenir un sentiment de joie intense. C’était vraiment un beau mariage. Et quel beau couple !
Le nouveau marié se pencha vers sa femme et déposa un délicat baiser sur ses lèvres, puis ils se tournèrent tous deux vers l’assemblée, qui applaudissait. Jabu regarda Saori, qui lui souriait. Aujourd'hui était un grand jour pour eux deux. C’était le jour du mariage de leur fille Hélène.
La jeune femme avait à peine dix-neuf ans, mais elle était amoureuse depuis fort longtemps de celui qu'elle venait d’épouser. Et Nérée, le fils de Poséidon et Seika était en plus la parti idéal pour Hélène, la fille d'Athéna et de Jabu. A travers eux, c’était les familles Kido et Solo qui s'unissaient, créant ainsi un fantastique pont entre les deux puissantes organisations financières que ces familles dirigeaient. C’était aussi le lien entre les deux Sanctuaires jadis ennemis, et sans doute la conclusion de siècles de guerre entre les deux grands dieux.
"Et bien, Nérée, tu as enfin réussi à la convaincre ?"
Nérée serra la main de son cousin Cassios, lui adressant un grand sourire. Hélène n'avait pas été facile à convaincre, en effet. Elle ne voulait pas se marier à l’église, trouvant que pour des divinités, cela n’était pas nécessaire. Mais Nérée avait hérité de sa mère la croyance en un Dieu supérieur, bien loin des "super humains" qu’étaient en réalité Athéna et Poséidon. De plus, Hélène copiait son comportement sur celui de ses parents qui ne s’étaient jamais mariés, et il avait fallu toute sa force de persuasion au jeune homme pour décider sa petite amie à officialiser ainsi cette union.
Nérée et Hélène sortirent de l’église, appréciant la chaleur du soleil sur leurs visages après la fraîcheur un peu humide de cette église. Tous leurs amis et parents étaient là autour d'eux.
Ikki et Ludmila, leur fils Bud, qui venait de gagner son armure, ainsi que les deux aînés jumeaux, Leo et Roman, ce dernier accompagné de sa petite amie. Hyoga et Naty étaient là aussi, avec leur fille Laetitia. Shun et Junon, et leurs deux enfants, qui étaient de nouveaux chevaliers sur l’île d'Andromède. Shiryu et Shunrei, leurs trois filles ainsi que Dohko et son amie Huang. Seiya et Miho, leur fils Cassios, qui tenait sa dernière petite soeur Kimiko - c’était le sixième enfant du couple - par la main.
Et tous les autres, Shaina, Geki, Kail et Aiolos, réincarnation de l'ancien chevalier du Sagittaire, Nachi et Thétis et leurs enfants, Ban, Ichi, Makoto l’écrivain à succès, venus avec leurs familles, Kiki et Namie, qui portait son fils Mu - lui aussi une réincarnation - dans ses bras. Marin et Keos, son époux, ainsi que leurs deux enfants. D'autres encore, nouveaux et anciens chevaliers de tous rangs, parfois venus d'Asgard ou du royaume marin, des amis de tous pays, des connaissances et aussi de parfaits inconnus, invités là sans doute par Athéna.
Et bien sûr leurs parents, Jabu, Saori, Seika et Julian, ainsi que Sylve, la sœur cadette de Nérée, et Shura, le frère d’Hélène.
Ainsi que les anciens chevaliers d’or, revenus à la vie : Saga, Kanon, la belle Aphrodite et son fiancé Désu (qui se faisait auparavant appeler Masque de Mort), Aldébaran, Aiolia, Camus venu avec sa mère Hilda de Polaris, Milo, et Shaka. Tous ces chevaliers avaient retrouvé leurs noms, dans leurs nouvelles vies, bien que peu se souviennent de leur existence précédente, et tous avaient finalement abouti au Sanctuaire, guidés par le destin ou des Dieux capricieux qui leur avaient malgré tout donné une nouvelle chance, en remerciement de leur sacrifice.
En ce jour, tous les Sanctuaires étaient rassemblés
autour des nouveaux époux, et Nérée se sentit fier
et heureux.
"Hem..." Jabu, debout dans son beau costume, allait à son
tour faire un discours. Il s’éclaircit la voix puis se mit à
parler.
"Vous savez tous ici que je n'aime pas les discours, aussi je ne
serai pas long. Je suis aujourd'hui un homme comblé. J'ai une compagne
aimante, deux enfants superbes, et en plus un gendre riche à millions
! <rires de l'assistance> Ma femme est une déesse, ma fille son
double psychique, mon gendre un demi-dieu et son père le Seigneur
des Océans, sans compter que mon fils est la réincarnation
d'un ancien chevalier. J'ai neuf demi-frères dont la moitié
sont des demi-dieux, ce qui fait, si vous comptez bien, neuf quarts de
frères divins ! Je suis capable de me déplacer à la
vitesse de la lumière, mais à part toutes ces petites choses,
ma vie est celle de monsieur Tout-le-monde ! <l'assistance riait toujours,
mais Jabu prit un air plus sérieux> Blague à part, je voudrais
vraiment dire quelque chose. Je souhaite à Hélène
et à Nérée tout le bonheur du monde. Puissent-ils,
ainsi que ceux de leur génération, et leurs futurs enfants,
vivre une époque sans guerre. Je propose de lever un toast, non
seulement aux jeunes mariés, mais aussi à leurs nombreux
cousins et amis, à ceux qui constituent la nouvelle génération,
qui constituent le futur. <Jabu leva son verre> Aux mariés, au
futur !"
Toute l'assistance l'imita, levant son verre et déclamant "Aux mariés, au futur !"
"Alors, Saori" fit Jabu en se rasseyant près de sa compagne
"tu vois, j'ai réussi mon discours sans bafouiller. Mauvaise langue"
fit-il plus bas en la taquinant.
"Tu as été parfait, mon chéri" elle l'embrassa
sur la joue. "Mais tu as oublié quelque chose. Tu devais parler
de la fête que nous donnons pour célébrer le 25e anniversaire
de la fin des guerres Saintes."
"Oh non, merde, j'ai oublié !"
"C'est pas grave, je ferais un petit rappel tout à l'heure."
Jabu s'en voulait. Ce n’était pas la première fois qu'il faisait une gaffe ou oubliait quelque chose. Mais il y avait une différence entre aujourd'hui et vingt ans plus tôt. Aujourd'hui, Saori lui pardonnait ses erreurs.
Et cela, c’était bien une preuve d'amour.
"Saori, sincèrement, dis-moi, es-tu heureuse ?"
Saori regarda son amant avec inquiétude. Quelle étrange question de sa part. En vingt ans de vie commune, jamais Jabu n'avait eu ce genre d'interrogation. Et à l'aube de la quarantaine, il se remettait ainsi en question ?
"Jabu... tu t’inquiètes maintenant de savoir si je suis heureuse
?"
"Euh... Pas tout à fait... Je me suis déjà
posé la question. Mais je n'ai jamais osé te le demander.
Par peur de ta réponse, je crois."
"Et aujourd'hui tu n'as plus peur ?"
"Si, bien sûr. Mais ce qui compte, c'est toi. Je veux vraiment
savoir si tu es heureuse avec moi."
Saori effleura la joue de Jabu, en souriant.
"Tu fais des progrès, Jabu. Ce n'est pas le genre de choses
que tu aurais dites avant. Rassure-toi, je n'ai pas l'intention de te quitter.
Enfin pas tout de suite..." Elle voulait l'agacer.
"Oh, je te vois venir... Tu vas me dire que tu prendras un homme
plus jeune quand je ne pourrais plus te satisfaire. Mais rassure-toi, quand
je te trouverai moche et décrépie, je choisirais moi aussi
une jolie jeune femme !"
Saori prit un air faussement outré, et Jabu lui glissa à
l'oreille, la serrant contre lui :
"Mais ça n'arrivera pas avant quelques siècles, je
crois. Jamais je ne te trouverai moche. Comment le pourrais-je, tu es plus
belle chaque jour !"
"Et toi plus tendre. Tu sais, Jabu, j'ai rarement eu l'occasion,
au cours de mes existences, de vivre et de vieillir auprès d'un
homme que j'aime. J’espère que nous pourrons vivre ainsi jusqu'à
nous éteindre ensemble. Ce serait très romantique, non ?"
"Sans doute. Mais je ne suis pas pressé. Après tout,
la vie ne fait que commencer, non ?"
"Tu as déjà dit ça il y vingt ans."
"Peut être, mais cette nuit, j'ai envie que nous ayons à
nouveau vingt ans. Pas toi ?"
Saori ne répondit pas tout de suite, s'amusant de voir Jabu,
pressé de la rejoindre, comme si ces vingt ans n'avaient épuisé
ni sa juvénile ardeur, ni son humour maladroit. Elle se contenta
d'ouvrir les bras et de l’accueillir contre elle, murmurant juste "Viens,
mon jeune amant."
Car il en serait ainsi jusqu'à la fin.
FIN DE "Saint Seiya in Love"